JOSEPH KANON - l'ultime trahison


Il est délicat, inconscient même de marcher sur les traces de John Le Carré. Joseph Kanon a eu ce culot et réussit avec son deuxième roman un coup de maître. 1950, Washington, l'hystérie anticommuniste. Nick a dix ans. Son père, un homme influent, a de sérieux ennuis avec le pouvoir. On le soupçonne d'être un espion à la solde des Soviétiques et, une nuit, le voilà qui disparaît laissant femme et enfant dans l'incompréhension totale.

Vingt ans plus tard, Nick, étudiant, tente de faire son deuil de ce passé silencieux jusqu'au jour où son père, Walter Kotlar, lui délivre un message. Il habite Prague et veut le revoir. Prague est envahie par les chars soviétiques. La rencontre du père et du fils se révèle émouvante mais aussi angoissante. Walter veut rentrer en Amérique, faire comprendre à Nick ainsi qu'au pouvoir américain qu'il n'est pas un agent ennemi, qu'il a été victime d'une conspiration et qu'un espion est toujours dans la place. Nick, qui n'a pas fini d'ouvrir les yeux sur la politique, devra à son tour tirer les ficelles afin de survivre.

Kanon nous fait naviguer dans le monde fascinant de l'espionnage. Formidable thriller, L'ultime trahison est aussi l'aventure d'un père et d'un fils, des hommes honnêtes précipités dans un monde aussi pourri que puissant. Ce mélange de sentiments subtils et d'exploration historique fait de ce roman plus qu'un bon récit d'espionnage. Voilà deux ans, Kanon avait réussi son coup d'essai avec Los Alamos, il se révèle être désormais un écrivain de premier plan, sachant revisiter les grands faits de l'histoire américaine sans jamais oublier que le roman est une aventure humaine fiévreuse et complexe.

Dinah Brand