ANDREW TAYLOR - le jugement des étrangers
Des racines maléfiques.
Deuxième volet de la trilogie d'Andrew Taylor, Le jugement des étrangers peut être lu de façon indépendante. Le premier volume, Les quatre fins dernières, se situait à Londres dans les années 90. On y rencontrait Angel, l'héroïne meurtrière, sorte de monstre-victime de la société et d'un passé qui colle à la peau. Ce nouvel opus remonte le temps et se passe dans la petite ville de Roth, près de la capitale, où le héros, le pasteur David Byfield, vit courageusement son veuvage. Son mariage avec Vanessa lui redonne goût à la vie, même si la jeune femme préfère la compagnie intellectuelle de son mari à son devoir conjugal. David regrette cette froideur, et ses pulsions, de plus en plus puissantes, vont le pousser à la faute. Autour du pasteur, une vieille fille un peu folle, des voisins bizarres, un adolescent trop curieux, forment une étrange galerie de portraits. Sans parler de sa fille, Rosemary, mal remise de la mort de sa mère et jalouse de Vanessa. C'est elle qui se métamorphose en Angel, la tueuse.
Andrew Taylor sait parfaitement tisser autour de cette communauté une atmosphère pesante et inquiétante. Chaque personnage a quelque chose à dissimuler: une faute ancienne, une influence secrète, une dépendance. La religion, en toile de fond, n'est jamais un frein à une lecture de pur plaisir. Car ce roman sulfureux est un vrai thriller anglais avec tasses de thé, soirées humides et chats écorchés. L'auteur joue sur tous les tableaux, cultivant la référence religieuse, la recherche des racines maléfiques et la tradition littéraire du roman policier. L'écriture descriptive, mêlant avec subtilité le dialogue et la réflexion, ajoute à ce plaisir de lecture trouble où l'on sent les forces occultes prendre le pouvoir. Inutile de dire que ce livre achevé, on attend avec impatience le dernier volume qui permettra de décrypter dans sa totalité trente ans de malédiction.
Dinah Brand