RICHARD PRICE - ville
noire ville blanche
Quand Brenda, jeune femme blanche, échoue à l'hôpital de Dempsy, sanglante, hagarde, mutique, tout le monde croit à son histoire. Elle s'est aventurée un peu trop loin dans le parc qui sépare le quartier blanc du quartier noir. Elle a été débarquée de sa voiture par un homme, un Noir, qui lui a volé bien plus que sa vieille auto pourrie: à l'arrière, son fils de quatre ans dormait profondément. Il y a forcément l'explication officielle, il y a aussi cette haine raciale qui sépare tout, qui fausse tout. Le flic noir, le frère blanc, et la jeune journaliste - blanche - qui cherche à faire son beurre dans une histoire qui pue le mensonge et le règlement de comptes.
Richard Price a le don de raconter de vraies, de grandes, de puissantes histoires à partir de sujets qui pèsent lourd. Dans Clockers, il suivait le quotidien des dealers, leurs regards furtifs, leurs jeux et leurs rituels d'un bloc d'immeubles à l'autre. Dans Ville noire, ville blanche, il a le culot de nous offrir un portrait de la haine, de la violence et du racisme urbain à travers un simple fait divers. Brenda, la mère de famille allumée, Lorenzo, le policier attentif, compréhensif et obstiné, Jesse, la journaliste blessée et arriviste à la fois, représentent le cur de l'histoire. Mais le romancier ne se contente pas de personnages caricaturaux, il aime s'attarder sur les seconds rôles: les groupes de mères à la recherche de leurs enfants disparus, les amitiés d'enfance qui se transforment en règlement de comptes dès qu'on change de rue. Certains auteurs écrivent des thrillers épatants, Richard Price double la mise en ajoutant à l'histoire de Brenda un portrait de l'Amérique hystérique. Mais il biaise, il contourne les faits pour mieux nous faire avaler le morceau.
Dinah
Brand