HARLAN COBEN - une chance de trop


Soudain la folie dans un quotidien paisible. Un Coben bien réglé.

Quand le docteur Marc Seidman sort du coma, la réalité le frappe de plein fouet. Sa femme est morte d'un coup de feu, son bébé a disparu et lui-même se remet difficilement des deux balles qui ont failli le tuer. Ses derniers souvenirs sont ceux d'un matin comme les autres. Monica se maquille, Tara, sa fille, gazouille dans son berceau tandis qu'il s'apprête à partir travailler.

Qui a voulu briser sa famille? A partir de cette première scène d'une violence extrême, Harlan Coben bâtit une intrigue au cordeau avec un sens aigu du rebondissement. Car, quelques jours à peine après les faits, une première demande de rançon est déposée: l'enfant est donc bien vivante. Il suffit de payer deux millions de dollars pour retrouver Tara. Mais le rendez-vous échoue et le cauchemar recommence. Tout au long de cette aventure, Marc Seidman sera seul à chercher la vérité: face aux flics qui se méfient de lui, à son beau-père qui le prend pour un minable, à sa sœur qui semble anéantie par cette histoire sordide, à la peur de perdre sa fille à jamais. Cet innocent a souvent l'impression d'être un coupable et le romancier joue parfaitement de ce malaise permanent, du doute qui taraude un homme comme les autres entraîné dans une histoire qu'il ne maîtrise pas.

Harlan Coben aime les machinations et les suspenses familiaux. Il joue de la corde sensible en créant le désordre dans des vies apparemment paisibles qui subissent un cataclysme brutal. Tout en utilisant certains schémas classiques réservés aux reines du thriller, Coben ne se prend pas - heureusement - pour Mary Higgins Clark qui chaque année remet le couvert avec ses intrigues sentimentalo-familiales. Ses personnages ont, certes, des états d'âme mais la violence est latente, la peur palpable et l'échec à portée de main. Le lecteur compatit aux misères du héros, l'accompagne dans ses tâtonnements et ressent vivement chaque retournement de situation. Après Ne le dis à personne... et Disparu à jamais, Coben confirme son exceptionnel talent de conteur. Seul regret: une fin qui n'est pas tout à fait à la hauteur de ce roman frénétique.

Christine Ferniot.