ERIC NATAF - régime mortel


Depuis que le nouveau roman a libéré – pour être optimiste – les canons de la narration, l’académisme va se nicher là où ne l’attend pas. Dans la fiction policière, par exemple, filmée ou écrite, et plus particulièrement dans l’un de ses sous-ensembles : les histoires de serial killers. Comme pour le patin à glace, celui qui s’y risque doit respecter un certain nombre de figures imposées : scènes de crime sophistiquées, énigmes portant sur des objets, jeu trouble entre l’assassin psychopathe et le policier à ses trousses… Le médecin et romancier Éric Nataf s’y plie avec bonheur : son tueur choisit ses victimes d’après un mystérieux maître plan et les mitonne selon leur dossier médical et leur profil homéopathique. Et son flic porte une enfance pleine de zones d’ombre, que les meurtres successifs éclaireront peu à peu. Au milieu de mémorables séances de psychanalyse, un crochet exotique du côté de l’Islande, quelques séduisants seconds rôles féminins... Autant d’éléments d’une recette éprouvée, mais dans laquelle l’auteur injecte assez de suspense pour plonger n’importe quel lecteur en hyperventilation. Soutenue par une écriture bien au-dessus de la prose sèche du genre, son histoire est une descente dans des ténèbres de plus en plus denses, celles des pulsions de mort de l’enfance, qui ne laissent indemnes ni le personnage principal, ni celui qui aura suivi sa trajectoire jusqu’au bout.

Epok.