MARC VILLARD - rebelles de la nuit


UN JOYAU DE POÉSIE NOIRE

Le héros de Marc Villard, Tramson, occupe lui aussi une position privilégiée avec vue imprenable sur le monde du crime ; il est éducateur à Barbès, en contact permanent avec le monde de la drogue et de la prostitution. Mais plutôt du côté des victimes, encore que la frontière ne soit pas toujours facile à tracer. Son rôle consiste à sauver du trottoir des gamines en rupture de lycée ou à empêcher de petits braqueurs de sombrer dans le grand banditisme... Un véritable sacerdoce, et pas toujours couronné de succès ! Tramson commence même par un échec cuisant. Chargé de protéger Fred Ballestra dont le frère, une vedette du show-biz, s'est attiré de sérieux ennuis qui mettent toute sa famille en danger, il voit le jeune homme se faire assassiner sous ses yeux. Les explications ne manquent pas. Fred se prostituait et ses fréquentations étaient plutôt louches, pourtant ce n'est pas dans le milieu mais, comme chez Brigitte Aubert, dans une sordide histoire familiale qu'il faut chercher la clef du mystère. Peu importe, ce n'est pas l'intrigue qui intéresse Marc Villard, mais plutôt l'atmosphère. A cet égard, Rebelles de la nuit est un pur joyau de poésie noire, parfait dans sa concision, aussi éloigné du didactisme moralisateur que du pittoresque facile, un tableau doux-amer dans la grande tradition d'Eugène Dabit ou de Francis Carco et qui ne martèle qu'une seule certitude, la réflexion finale de Tramson pour qui "la vie était dégueulasse mais certaines minutes valaient la peine d'être vécues."

G.Me.