DENNIS LEHANE - prières pour la pluie


Patrick Kenzie commence à douter, le boulot ne l'amuse plus, il faut dire que sans Angela … C'est pour ça, peut-être, qu'il oublie ce qui ressemble fort à un appel au secours de Karen Nichols, une ancienne cliente, mignonne jeune femme toute gentille et bien propre sur elle, qu'il avait aidé, avec Bubba, à se débarrasser d'un soupirant un rien lourdingue. Alors quand quelques semaines plus tard il apprend qu'elle s'est jetée, nue, du haut d'un immeuble, il culpabilise. L'affaire a été classée, suicide. Le suicide est certes indiscutable, mais comment cette jeune femme pimpante a t'elle pu devenir une telle loque en moins de six mois. Malchance, ou malveillance ? Une enquête qui va le confronter à un sinistre personnage particulièrement retors, qui aime amener ses victimes au bord du désespoir, juste pour s'amuser. Une enquête pour laquelle toute l'aide possible va être nécessaire, Bubba bien sûr, mais également Angela.

Autant le dire tout de suite, le dernier roman de la série est un cran en dessous de Mystic River, Shutter island ou Gone baby gone. Ce n'est pas un bouquin qui fait crier au génie. Mais entendons nous bien, lire un Lehane, et celui-là ne déroge pas à la règle, c'est monter dans un train qui semble aller doucement, pour s'apercevoir, au moment où l'on croit pouvoir descendre (en général vers minuit) que c'est trop tard, il a pris trop de vitesse, on ne peut plus sauter, et on est coincé (en général jusqu'à 2h, 2h30), Et le lendemain, au boulot, on a des cernes ! Donc une fois de plus, dialogues au cordeau, suspense parfait, construction impeccable, et ce plaisir, immense, de retrouver Patrick, Bubba et Angela, leur humour, leur humanisme (euh, pas celui de Bubba) … Une prime ici, Bubba tombe amoureux (ça vaut le déplacement), et quelques petites vérités, certes connues, mais qui sont toujours bonnes à prendre : "C'était Panama. Tu te rappelles ? Ils ont tué neuf fois plus de civils que de militaires, et tout ça pour coincer un dealer ayant eu des liens avec la CIA durant le mandat d'un président qui autrefois dirigeait cette même CIA". Au fait, qu'est-ce qu'il devient Noriega ?

Jean-Marc Laherrère