Le commissaire Llob peut se vanter de ne pas avoir de sang sur ses économies. Et pour cause, il n'en possède pas et s'obstine à rester intègre en pleine guerre civile. Il vit à Alger. D'autres y meurent. La corruption triomphe. Les cimetières se remplissent de larmes. "Désormais, dans mon pays, à quelques brasses de non-retour, il y a des gosses que l'on mitraille simplement parce qu'ils vont à l'école, et des filles que l'on décapite parce qu'il faut bien faire peur aux autres". Morituri, Trophée 813 du meilleur roman francophone 1997, a la force du réalisme et de l'intime. De ce que l'on dit rarement. C'est une enquête policière implacable dans un monde où les dealers d'hier tiennent le Coran dans une main et le fusil dans l'autre. C'est le portrait d'une ville et de son peuple. Un roman sans concession, noir, à l'aune radicalisée d'une sensibilité proche de celle de Jean-Claude Izzo.

Yasmina Khadra est né en Algérie en 1955 et est traduit dans seize pays, dont les États-Unis et Israël. La critique internationale et J. M. Coetzee, prix Nobel de littérature 2003, le considèrent comme l'un des auteurs les plus importants d'aujourd'hui.