STIEG LARSSON - les hommes qui n'aimaient pas les femmes
‘Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes’ n’est pas un polar comme les autres. L’écriture minutieuse, voire lente, de Stieg Larsson prend le temps de nous présenter l’action et les personnages à l’aide d’une foule de détails, d’anecdotes, d’aventures parallèles et de descriptions qui, chez un autre, nous auraient fait lâcher ce pavé bien avant sa moitié. Car l’intrigue, à proprement parler, ne décolle qu’autour de la page 300 (!), là où la plupart des romans policiers s’achèvent. Mais ce non rythme qui tempère toute la première partie du livre parvient tout de même à nous accrocher, en instaurant de manière très progressive une ambiance oppressante et malsaine qui fait naître chez le lecteur un attachement très fort pour ce récit. L’extraordinaire épaisseur des personnages, mais aussi la précision et la profondeur de tout le décor et du passé, jouent pour beaucoup dans cette impression de familiarité qui place le lecteur au cœur des événements. Il n’y a pas que l’enquête qui compte, pendant ce temps la vie des protagonistes continue, et Stieg Larsson nous raconte ces vies avec un talent de conteur remarquable.
Et puis, comme dans ces danses slaves, le rythme s’accélère, d’abord de manière imperceptible. L’intrigue dégénère au-delà de nos craintes : ce que l’on croyait trouble s’avère d’une noirceur abominable, ce que l’on croyait suspect s’avère diabolique. Et le rythme s’accélère encore, les pièces du puzzle s’emboîtent, s’entrechoquent, explosent. Fruit d’un savoir-faire hors du commun, ce premier tome de la trilogie ‘Millénium’, malgré ces quasi 600 pages, nous abandonne sur une impression de manque. Stieg Larsson, maître de la narration fascinante, des situations pesantes et des atmosphères vicieuses, nous a pris dans ses filets.
Mikaël Demets.