ROBERT CRAIS - l'homme sans passé
Bien sûr, c’est encore une histoire de détective à Los Angeles, genre dépressif et superman à la fois, héros récurrent entouré de personnages fortement typés et l’ombre de Chandler en tuteur légal. Pourtant, L’Homme sans passé, de Robert Crais, est un roman noir qui échappe au cliché grâce à l’équilibre parfait entre enquête criminelle et quête personnelle. Alors que sa vie ressemble à un marécage, Elvis Cole apprend qu’un inconnu, abattu dans une rue de la ville, a prononcé son nom avant de mourir. L’homme affirmait qu’Elvis était son fils et qu’il voulait lui parler. Toute son enfance, Cole a cherché ce père inconnu. Pour le faire taire, sa mère affirmait qu’il travaillait dans un cirque comme « homme-obus ». Et des années durant, le garçon fit des fugues, cherchant l’ombre paternelle dans les cirques de la région. Le détective va-t-il enfin tirer un trait sur cette absence qui a déterminé toute sa vie ? A cette recherche s’accrochent d’autres affaires qui ne cessent de renvoyer au thème central, la filiation. Tous les personnages de Robert Crais sont des cabossés, des êtres blessés qui tentent de surmonter leurs motions, trimbalant leur manque affectif comme d’autres s’accrochent à leur arme de poing. A chaque roman (et celui-ci est le neuvième traduit), l’auteur affine le trait, rend ses personnages de plus en plus complexes. Certains écrivains choisissent l’autobiographie pour régler leurs comptes. Robert Crais a préféré le polar pour dénouer les fils les plus intimes et les transformer en une fiction qui oscille entre humour, émotion et thriller pétaradant.
Christine Ferniot.