ARNALDUR INDRIDASON - l'homme du lac


L'homme du lac est un squelette, jadis jeté au fond des eaux glacées. Mais l'Islande, comme d'autres pays, a quelques soucis d'ordre écologique. Le lac Kleifarvatn se vide et fait resurgir le passé - ce cadavre lesté d'un émetteur radio de fabrication étrangère... Etrange. Plus que jamais fidèle à ses obsessions - les disparitions mystérieuses, en terre et mer islandaises -, Arnaldur Indridason mène son héros de flic à la baguette. Les lecteurs des précédents romans (La Cité des jarres, l'inégalé Femme en vert et La Voix) ont appris à l'aimer, ce cher Erlendur, type taciturne et séduisant à la fois, tiraillé par une culpabilité ancienne et le désir d'affronter la vérité, coûte que coûte. Le romancier lui fait remonter le temps, s'attaquer cette fois aux années 50, quand de jeunes étudiants islandais partaient la fleur au cœur tout apprendre du communisme en Allemagne de l'Est, pour, à leur retour, faire la révolution...

Indridason bringuebale son héros d'histoires d'amour avortées en révélations politiques dérangeantes et le plonge en plein désarroi. Quel lien entre l'homme du lac et les communistes de l'ancienne RDA ? C'est tout un roman... sur le mensonge, la trahison. Lire Arnaldur Indridason, c'est savoir à l'avance que l'on va se laisser piéger par la narration moelleuse, la construction en flash-back ; savoir que l'on va se laisser attendrir par Erlendur, si malheureux, si valeureux. Mais notre chouchou d'écrivain islandais s'appesantit quelque peu : à trop vouloir dénoncer l'état policier de la RDA, il frôle la caricature. Heureusement, il y a Erlendur... on n'y résiste pas !
 
Martine Laval.