VEIT HEINICHEN - les requins de trieste


D'Umberto Saba à Italo Svevo, de Carlo Michelstaedter à Roberto Bazlen, de P. A. Quarantotti-Gambini à Claudio Magris, on n'en finirait pas si on voulait dresser une liste exhaustive des écrivains de Trieste. La raison d'une telle abondance ? C'est une autre affaire. Mais il y a tout de même un genre qui ne semble pas très représenté dans ce florilège, c'est le roman policier... ce que Veit Heinichen utilise très bien et qui justifie largement le choix de Trieste comme cadre d'un roman policier, c'est cette "identité de frontière" qu'analyse Claudio Magris. Le contexte politique change, l'Autriche-Hongrie n'existe plus, le rideau de fer non plus, mais la situation géographique de la ville en fait un passage obligé dans bien des échanges... Trieste, capitale du crime ou paisible endormie ?

Le roman de Veit Heinichen concilie les deux aspects en apportant une note originale au mythe littéraire triestin. Plus qu'un décor, la cité devient un personnage, et les préoccupations de ses habitants (la principale étant de trouver une place pour garer sa voiture sur le Lungomare à l'heure de la baignade) contrastent avec les rouages du crime organisé...

Gérard Meudal.