JEAN-BAPTISTE BARONIAN - les papillons noirs
La
chasse de Diane.
Pour retrouver son mari, une femme fait appel à son ancien amant détective.
Mais que cherche-t-elle vraiment?
Grand spécialiste du polar et de Simenon, Jean-Baptiste Baronian signe,
avec Les Papillons noirs, un roman très personnel, à l'ombre de
ses admirations. Il tient son intrigue entre enquête ordinaire et quête
existentielle. Travaille l'ambiance et entretient le suspense, avant de conclure
par une chute d'anthologie. De celles qui font le bonheur d'un lecteur en lui
offrant une relecture aussi instantanée qu'inattendue.
L'action se déroule à Bruxelles, l'hiver, en quelques heures et
un épilogue. Stevens et Diane ont été amants il y a longtemps.
Une relation purement physique, nouée par le hasard et fondée
sur le simple plaisir d'être au lit. Ils ne se seraient sûrement
jamais revus si Franck, le mari de Diane, n'avait disparu. Elle est inquiète.
Seul Stevens peut l'aider. Ils se retrouvent dans l'un des bars qu'ils fréquentaient
autrefois. Elle a vieilli, mais porte toujours le même parfum. Il commence
par envisager toutes les solutions: enlèvement, meurtre, fugue...
Autour d'eux, la ville est venteuse, pluvieuse, nocturne. Ils vont de brasseries
en cafés pour se protéger des intempéries, glaner en douce
quelques souvenirs communs. Boire et parler. «Après tout, elle
s'en foutait comme de l'an 40, que Franck fût avec une autre femme ou
chez sa mère, fuyant le fisc ou ayant été touché
par la grâce. Elle voulait seulement, uniquement, savoir.»
En sourdine, c'est cette autre musique que l'on entend. Celle de la solitude
qui les travaille. La cinquantaine passée, Stevens a arrêté
de fumer, fait attention à ce qu'il mange. Et après? Qu'a-t-il
fait de sa vie? Rien, si ce n'est collectionner les femmes de passage et les
affaires minables, jusqu'à devenir cette pâle copie de Bogart,
imperméable antédiluvien compris. Diane lui apporte un peu d'air
et d'appétit. Cette enquête l'intéresse. Il voudrait savoir
ce qu'est devenu ce Franck de malheur. Elle... Elle, Baronian la nimbe de mystère,
la traite avec douceur, pour laisser à chacun le plaisir de la découvrir.
Daniel Martin