CLAUDE IZNER - le secret des Enfants-Rouges


Dérangé dans sa lecture d’une lettre que lui a transmise Iris, la fille de Kenji Mori, l’un de ses patrons, l’autre étant Victor Legris, bouquinistes à Paris, Joseph ne prête guère attention au client qui lui remet sa carte de visite à défaut de pouvoir rencontrer Kenji. L’amour rend aveugle, tout au moins déconcentré et le bristol atterri au fond du porte-parapluie. Le lendemain, Victor découvre que l’appartement de Kenji a été dévasté, comme si un ouragan était passé par là. Outre deux volumes, l’un fort rare, l’autre étant quantité négligeable, le voleur s’est emparé d’une coupe qui a plus valeur sentimentale que financière. Cette coupe est composée de la calotte crânienne d’un singe fixée sur un trépied de métal enjolivé de trois brillant et d’un faciès de chat aux prunelles figurées par deux agates jaspées. Bref, ou le cambrioleur s’est précipité sur n’importe quoi, soit la coupe l’intéressait pour un motif difficilement compréhensible. Joseph a bien un soupçon concernant la façon dont le voleur s’est procuré les clefs, mais il “ oublie ” de le signaler à l’inspecteur venu constater le vol. La coupe avait été léguée à Kenji par un Ecossais, dont il avait fait la connaissance des années auparavant lors de voyages dans le sud-est asiatique, et transmise lors du décès du naturaliste par sa soeur. Or, coïncidence bizarre cette digne personne vient d’être la victime d’un rôdeur. Chacun de leur côté, puis conjointement, les trois compères vont enquêter à la poursuite, non pas du diamant vert mais de cette coupe qui semble maléfique. Une sorte de rallye qui les conduit de place en place jusqu’à la foire à la ferraille, marché de la brocante sis à la Bastille, avec des stations ponctuées de cadavres.

Ce quatrième enquête du bouquiniste Victor Legris et de son employé Joseph, lequel rêve de devenir écrivain de romans populaires à succès, s’avère tout aussi passionnante que les précédentes mais avec toutefois une impression de déception. Le titre ne colle pas tout à fait à l’intrigue, contrairement au roman de Jérôme Buci qui lui aussi traite du mystère des Enfants-Rouges (La maison des Enfants-Rouges, Liv Editions), cet hospice pour enfants orphelins dont la particularité était de tous porter des habits rouges et qui se situait au 41 rue du Temple, une courette dans laquelle se situe également un marché. Quelques longueurs aussi heureusement compensées par cette description littéraire, artistique; culturelle, géographique d’un Paris qu’eut enchanté un Léo Malet par exemple et tous ceux qui habitent ou ont résidé dans la capitale. En filigrane deux autres histoires, d’amour celles-là, entre Victor et Tasha, avec son lot de jalousies et de Joseph et Iris. En espérant que le prochain volume sera plus musclé, une lecture recommandée quand même.

Paul Maugendre