DEON MEYER - jusqu'au dernier


Mat Joubert est trop gros, essoufflé de vivre et de courir chaque matin après les détraqués de la terre. Depuis la mort de sa femme, Lara, la cigarette et les pommes de terre à la crème sont ses principales consolations. Cependant, ce flic consciencieux va reprendre du poil de la bête grâce à un nouveau supérieur qui n'aime pas les avachis et deux femmes qui ne détestent pas les hommes confortables. Sans oublier une enquête tordue, un vrai casse-tête. Un tueur s'en prend à des hommes qui n'ont apparemment rien en commun et Joubert va mettre du temps à comprendre le lien qui les unit. Mais l'essentiel de ce livre n'est pas dans cette course-poursuite entre l'assassin mystérieux et le flic fatigué.

Le romancier nous installe peu à peu dans la vie quotidienne de Joubert: sa découverte de corps meurtris, ses envies de décrocher, son meilleur copain alcoolique en pleine crise, mais aussi cette lutte de pouvoir entre policiers et politiques qui rêvent de gloire. Joubert n'est pas un saint: il regarde les jeunes filles, tombe amoureux de sa psy à la voix douce, meurt d'envie d'écraser son chef d'un coup de boule. Ce balourd se rend à la piscine, s'astreint à des régimes désespérants en rêvant de grosses fritures bien grasses et souffre comme un damné en crevant de faim. Sentimental, il pleure comme un enfant, cherchant dans la nuit le corps de sa femme, tuée en service commandé.

Situé en Afrique du Sud, ce premier roman traduit en français nous en dit beaucoup sur les Blancs qui tirent les ficelles du pouvoir. Le style est nerveux tout en laissant une part importante à la psychologie et à la description. A la dernière page, le lecteur a déjà envie de retrouver ce personnage dans d'autres histoires, comme un familier de la maison.

Dinah Brand