ARNALDUR INDRIDASON - hiver arctique
Hiver arctique ou les grandes retrouvailles avec Arnaldur Indridason, cousin islandais de Simenon. Dans une narration tout en demi-teinte, aussi sensible et mélancolique que celle de La Femme en vert (éd. Métailié, 2006), l'écrivain malmène son héros récurrent, le flic Erlendur, plus las et désemparé que jamais. Une nuit de janvier, de glace et d'angoisse comme il en existe là-bas, est découvert dans une cité de Reykjavík - terrains vagues, immeubles déglingués et misère à tous les étages – le corps d'un enfant d'une dizaine d'années. Signe particulier : il est métis, moitié thaï, moitié islandais. Dans ce minuscule pays, l'arrivée de migrants perturbe certains autochtones, fiers de leur « lignée pure » et convaincus de leur supériorité. Erlendur, le coeur gros, part sur la piste du crime raciste, croise d'autres violences, d'autres disparitions, qui le ramènent encore et encore vers ses propres fêlures, culpabilité en prime : son jeune frère mort dans une tempête alors qu'ils étaient gamins ; ses propres enfants perdus dans la défonce et la haine.
Erlendur, renfrogné, solitaire, s'enfonce dans un cafard noir mais ne se résigne pas. Il lutte contre les foudres hostiles et se bagarre contre son propre désarroi. Arnaldur Indridason, comme à son habitude – avec brio –, mêle les intrigues, le passé et le présent, retourne les situations les plus évidentes et raconte une Islande meurtrie et malgré tout magnifique, à la croisée des ténèbres et de la rédemption.
Martine laval.