KEN BRUEN - hackman blues


Truffant ses récits de citations littéraires et musicales, l'Irlandais Ken Bruen renouvelle le genre policier.

Cet Irlandais de Galway aime les héros alcooliques et râleurs, les flics violents et caractériels. La morale n'est pas sa tasse de thé et les personnages charismatiques l'indiffèrent. Ken Bruen préfère l'insubordination et l'insolence, à l'image des écrivains - américains - dont il se sent le fils: David Goodis et Jim Thompson. Cette tendance ne date pas d'hier puisque les deux romans qui paraissent chez Fayard, En effeuillant Baudelaire et Hackman Blues, écrits dans les années 1990, démontrent que le bonhomme aimait dès ses débuts les hommes cyniques et l'humour noir. Dans Hackman Blues, la figure centrale, Brady, est drogué, porté sur le whisky et homosexuel très actif. Les psys sont devenus ses têtes de Turcs mais c'est tout de même sous lithium qu'il tente de faire son métier d'enquêteur privé. Chargé de retrouver la fille d'un promoteur immobilier qui se prend pour l'acteur Gene Hackman, il ne tarde pas à créer un gros incident autour de l'enlèvement de la jeune personne qui lui donne du fil à retordre. En effeuillant Baudelaire, qui date de la même époque - cette ère thatchérienne qu'il ne porte pas dans son cœur -, a pour «non-héros» Mike Shaw, un comptable d'une grande banalité, traits réguliers et costume bien repassé. Mike va se laisser entraîner par Laura, une fille facile qu'il rencontre dans un pub et choisit de suivre par faiblesse et cynisme conjugués.