GEORGE P. PELECANOS - drama city
Attention, grand cru de noir! Bon d'accord, avec George Pelecanos, c'est (presque) devenu une habitude. Sauf que Drama City, treizième roman traduit en français de ce ténor du polar américain, s'avère époustouflant. Un peu en marge de ses précédents livres, celui-ci ressemble à une variation plus humaniste sur ses thèmes fétiches, la violence et la misère urbaines. Pelecanos laisse de côté son détective d'origine grecque - comme lui - Nicolas Stefanos (Nick la galère, Anacostia River Blues). Exit aussi Dimitri Karras et le disquaire Marcus Clay (King Suckerman, Suave comme l'éternité, Funky Guns) ou encore l'ancien flic Derek Strange (Blanc comme neige, Tout se paye, Soul Circus). Mais Washington DC, sa ville natale, où il vit toujours - son père y a même un restaurant, le Whisky Class -, tient plus que jamais la vedette. Lorenzo Brown aussi y est né, y a grandi. Mais il a mal tourné: fumeur de marijuana à 12 ans, il est devenu dealer à la solde des caïds du coin avant de finir au trou.
Huit ans plus tard, la trentaine entamée, le voilà de retour dans son ancien quartier de Park View, bien décidé à rentrer dans le rang en travaillant pour la Humane Society, la fourrière municipale. Chaque jour, Lorenzo enfile son uniforme et parcourt la ville pour secourir les chiens maltraités, mal nourris ou, pire, entraînés pour des combats illicites. Chaque jour, Lorenzo s'applique à la tâche, rêve de fonder une famille et s'efforce d'éviter ses anciens amis - Nigel Johnson et Deacon Taylor qui ont pris le contrôle du trafic de drogue. Rachel Lopez s'applique, elle aussi, à bien faire son travail. Fille d'une juive et d'un Latino, ce beau brin de brune est contrôleuse judiciaire: elle veille à ce que les ex-détenus retrouvent un job et se tiennent à carreau. Lorenzo fait partie des protégés de Rachel. Tous deux finissent même par se retrouver aux réunions des Narcotiques anonymes. Car Lorenzo craint de replonger dans la dope. Rachel, elle, carbure à l'alcool, le soir, dans les bars des grands hôtels, seule, enfin pas longtemps...