HARRY CREWS - des savons pour la vie


La grande lessive.

Un nabot sans foi ni loi règne sur le marché du savon. Une satire hilarante du monde de l'entreprise.

Légende vivante de la littérature noire américaine, Harry Crews a tatoué sur son bras droit une tête de mort avec cette légende: «How do you like your blue eyed boy, Mrs Death?» («Comment vous le trouvez votre petit gars aux yeux bleus, Mme la Mort?»). Ses romans, qui se passent dans le Sud profond des Etats-Unis, en Géorgie, plus précisément, mettent en scène des personnages à son image, c'est-à-dire un peu fêlés. Des éleveurs de serpents venimeux de course, des culturistes fanas des concours de bodybuilding, un sourd- muet cul-de-jatte qui fait de l'équilibre sur son petit doigt (La Malédiction du gitan, qui devrait bientôt être portée à l'écran par Philippe Decouflé).

Le héros de Des savons pour la vie est un vendeur au porte-à-porte, qui travaille pour un horrible nabot doté d'un effroyable bec-de-lièvre. Ce dernier, qui se fait appeler «le Chef», emploie des méthodes de mafieux pour contrôler le marché du savon et terrorise littéralement son entourage. Il faut dire que ledit Chef est doté d'une force herculéenne, d'une méchanceté sans limites et d'une totale absence de sens moral. Ce roman complètement fou n'est pas seulement d'une drôlerie irrésistible. C'est aussi une satire et une dénonciation tout à fait percutante du monde de l'entreprise et de ses méthodes d'action musclées, plus proches de celles en vigueur dans la mafia que de celles enseignées à Harvard.

Thierry Gandillot