ANDREW McGAHAN - derniers verres
George vit tranquillement à Highwood, dans le Queensland, à l'écart de Brisbane. Il est journaliste dans le canard local, qui d'ailleurs n'emploie que lui. Une nuit, il est réveillé par un coup de fil…
Un homme a été torturé et tué à la lisière du village, dans un compteur électrique. George se rend sur les lieux et son passé remonte à la surface. Le mort, c'est Charlie, son meilleur ami dix ans plus tôt. Charlie avec qui ils ont monté des restaurants, à l'époque où l'alcool coulait à flots la nuit. Charlie avec qui ils étaient inséparables, les princes de la nuit, même les ministres venaient chez eux, la grande époque… Avant la "La grand enquête", une investigation portant sur la corruption dans les rouages de l'Etat du Queensland.
Cette enquête a duré de 1987 jusqu'à la chute du gouvernement de l'Etat en 1989. Enquête qui a vu plonger Charlie et bon nombre d'amis, qui a été la raison de la mise au vert de George qui n'a jamais revu Charlie - ni personne - depuis qu'il a quitté Brisbane dix ans plus tôt.
Alors pourquoi Charlie est-il venu jusqu'à lui ? Et qui l'a tué ? Tout le monde aimerait le savoir, surtout la police, pour qui il est le parfait suspect… George va devoir descendre à Brisbane, pour se confronter à son passé.
Disons-le tout de go, Deniers verres est un bouquin excellent, un des meilleurs de l'année qui commence. La qualité de l'histoire, qui mêle astucieusement l'enquête Fitzerald (mais le livre reste une fiction) et les descriptions du Queensland de l'époque ("Nous étions évidemment au courant de certaines choses, celles que tout le monde connaissait - entre autres que le Queensland était différent du reste de l'Australie, que rien n'y fonctionnait comme ailleurs"), est redoutable et Andrew McGahan sait accrocher son lecteur.
La galerie de personnages, amenée progressivement en succession de flash-back, le contexte politique australien, rien ne manque pour faire un grand polar. Ajoutez un style ample et très posé, fourmillant de détails sans être assommant et vous ne voyez pas passer ces 450 pages qui se lisent d'une traite un dimanche après-midi pluvieux.
Christophe Dupuis.