MICHEL CRESPY - chasseurs de têtes


Oublions tout de suite la quatrième de couverture. Racoleuse, comme il se doit, car on doit vendre du polar donc on écrit : "tout ceci devient une sanglante chasse à l’homme". Ou à peu de choses près. Oublions cette phrase qui vendrait le roman de Michel Crespy comme une vulgaire course-poursuite banale et bidon. Il n'en est rien. Jérôme Carceville n’a plus d’emploi. Désespéré car arrivant à un "âge critique", il reçoit un jour un e-mail d’un groupe international ultra côté de chasseurs de têtes. Et le voilà embarqué pour des tests papier crayon d’abord. Grandeur nature ensuite : un affrontement avec d’autres chômeurs autour d’un jeu de simulation cruel comme le joli monde économique dans lequel nous vivons. Pas étonnant que tous, les uns après les autres, perdent la tête. Michel Crespy décrit le monde des cadres, de l'économie, bref celui qui nous gouverne, avec une précision digne d’un entomologiste. Une étude de fond sur ceux qui feraient tout pour arriver au pouvoir. Ca va bien plus loin qu’une simple chasse à l’homme. Car "chasse à l’homme", ça fait poursuite, presque cliché. Mais là, nous sommes loin du cliché. Nous sommes en pleine description de ce qui nous entoure. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela fait froid dans le dos. Comme un bon polar, en fin de compte. Pas racoleur pour deux sous. Mais réaliste. Terriblement réaliste.