LAWRENCE BLOCK - Cendrillon, mon amour


New-York, en juin, est une ville étouffante. Mais quand on lit que l’air qui entre par la fenêtre est « aussi chaud qu’une fille consentante », on comprend qu’il ne s’agit pas d’un bulletin météo mais d’un polar bien frappé. Ecrit en 1961 et opportunément réédité aujourd’hui, ce roman-là est une curiosité. Il se situe entre les livres un peu déshabillés que le jeune Block écrivait « au mot » pour gagner sa vie et ceux qu’il concocte par la suite pour le plus grand bonheur des lecteurs, qui le considèrent comme un des plus grands auteurs de littérature policière.

« Cendrillon, mon amour » met en scène sans état d’âme les pièces maîtresses des polars de série. Ted Lindsay, reporter au Louisville Times se retrouve célibataire, suite à une décision unilatérale de sa femme, qui est partie avec amant et bagages. Sur les conseils de son psy, il quitte job et domicile pour une nouvelle vie, à New-York, où il devient barman de nuit d’un petit boui-boui de Columbus Avenue. Bel endroit pour noyer tranquillement sa dépression dans le bourbon, si son regard n’était tombé sur la silhouette de Cinderella Sims, petite brune au charme aussi envoûtant et dangereux que les 50 000 dollars qu’elle a subtilisés à une bande de malfrats, prêts à tout pour les récupérer. Amour, meurtres et road-story… On ne dira rien de la fin, plus qu’originale, de ce roman qui se lit d’une traite. Dans la foulée, les lecteurs qui ne les connaîtraient pas encore pourront s’immerger dans les aventures de Matt Scudder, héros notamment de « Huit millions de façons de mourir » probablement un des plus beaux livres sur New-York. Et l’on attend avec impatience « Small Town » le premier roman que Block a écrit après le 11 septembre 2001, annoncé pour l’année prochaine en France. D’ici là, la voluptueuse Cinderella ne manque pas d’atouts pour nous faire patienter.