JOHN WILLIAMS - Cardiff dead
" Même les souvenirs paraissent à peine plus réels que des rêves ou des fantasmes, des choses exhumées d'une autre vie ", constate amèrement Mazz, guitariste de son état, lorsqu'il revoit Tyra. Ils se sont aimés et se sont déchirés. C'était en 1980, à Cardiff, pays de Galles. Elle avait seize ans, il en avait dix-neuf. C'est Charlie, le père de Tyra, qui les avait présentés l'un à l'autre. Ex boxeur reconverti en percussionniste, Charlie avait monté avec Mazz un groupe de rock new wave. Le temps d'un tube et chacun était reparti vivre sa vie.
Mazz a ainsi bourlingué pendant vingt ans à travers le monde. L'annonce de la mort de Charlie le ramène à Cardiff, à Tyra et à ses fantômes. Le décès de son ami lui semble suspect. Comment se fait-il qu'on ait retrouvé des traces de cocaïne dans le sang d'un homme porté sur la bouteille? Mazz se jette à corps perdu dans une enquête trouble. Mais il s'agit moins pour lui de faire la lumière sur une sale histoire que d'éclairer son passé, de faire la paix avec lui-même.
A travers ce roman, John Williams renoue, dans une langue directe, presque orale, avec des thèmes explorés dans son recueil de nouvelles Cinq pubs, deux bars et une boîte de nuit: les paumés, les petits truands, la came, la musique, un monde interlope, ni tout à fait intégré ni tout à fait marginal. L'écrivain gallois cherche dans ces personnages la faille humaine, l'ébauche de bonheur. Dans un va-et-vient constant entre 1980 et 1999, il retrace les deux époques phares de leurs vies: le début de l'âge adulte et la maturité. Entre vingt et quarante ans, on peut encore se reconstruire. Une étincelle d'espoir qui donne à ce roman son souffle et sa chaleur.
Alexie Lorca.