MASSIMO CARLOTTO - arrivederci amore


L’Italie est saturée de bizarreries judiciaires, que ce soit à notre époque ou bien sûr lors de la « période de tension » (plus communément appelée « années de plomb »). Massimo Carlotto fût une de ces étrangetés pénales, même si son cas n’est pas que politique. Militant à Lotta Continua durant ces années, il est arrêté en 76 après avoir découvert le corps mort d’une étudiante, car la police lui colle cette mort sur le dos. Il fait alors de la prison, s’exile (France et Mexique, tiens tiens…) avant d’être gracié en 1993, au terme d’un marathon judiciaire et de multiples campagnes de soutien internationales. Tout cela fût mis en scène dans En Fuite. Arrivederci Amore, paru en mars aux Editions Métailié, est donc son troisième livre à paraître en France (et la troisième édition où Carlotto est publié).

Le personnage est lui aussi un militant exilé, qui revient au pays… et va s’efforcer de trahir tout le monde, absolument tout le monde ! Après un début autobiographique, un exilé italien en Amérique Centrale et en France, le personnage du livre, Giorgio, va retourner en Italie et faire le repenti. Il s’arrange avec un flic et, en restant un peu indic, va travailler dans le milieu de la nuit, de la prostitution et de la came. A Milan puis en Vénétie, car il fait des hold-up et doit bouger. Ceci pour l’histoire, on ne révèlera rien de plus ici.

Ce qui vaut, dans ce roman narré à la première personne sur un rythme fou, c’est le 36e degré avec lequel Carlotto aborde son personnage, c’est aussi la vitesse d’exécution du personnage qui trahit, couche et flingue à tout va. Et Carlotto, malicieux, qui écrit ça à la mitraillette…

De plus, et c’est ce qui fait de ce livre un livre réaliste (si, si !) : Carlotto maîtrise connaît bien des réseaux mafieux, les codes, il connaît aussi les armes. Moult détails et infos précises et crédibles égayent ce très bon roman, où on ne croise pas que des Italiens qui se vengent (keufs ou anciens révoltés), mais aussi des Kosovars, des Croates ou des Roumains. Un roman dans son temps.

Hubert Artus.