HENNING MANKELL - la cinquième femme


Il y a d'abord ce prologue, situé en 1993 en Algérie. Quatre religieuses assassinées et une cinquième femme qui n'aurait pas dû être là et qui mourra, égorgée comme les autres. Six ans plus tard, on retrouve l'inspecteur Wallander à Ystad, en Suède. Déjà héros du Guerrier solitaire, Wallander continue de traverser la vie avec ses angoisses et ses incertitudes d'homme et de flic. Peur de voir son père, atteint de la maladie d'Alzheimer, perdre lentement ses dernières marques humaines. Peur de voir la femme qu'il aime se détacher de lui. Peur devant cette enquête étrange où l'on tue avec autant de brutalité que de subtilité. Peu à peu, on comprend que les victimes ont en commun un passé violent. Il y a un désir de vengeance derrière tout cela et une folie obsessionnelle que Wallander tente de percer.

Henning Mankell ne cherche pas à écrire des enquêtes impeccablement huilées. Ce qu'il aime, ce sont les failles. Celles de l'inspecteur éternellement indécis et pourtant parfaitement efficace dans son travail. Wallander a de la compassion pour les victimes, mais il sait comprendre les raisons qui poussent un homme ou une femme à tuer. Cette nouvelle enquête plonge dans l'étrangeté des sentiments, l'extrémité de la folie meurtrière mais aussi le besoin de se faire justice menant aux gestes les plus effroyables. Lentement, l'auteur fait avancer son héros, un peu pataud, un peu dépressif, dans un pays qui ne respire pas non plus la joie de vivre. Et si on trouve l'assassin, si on sauve la dernière victime, l'histoire ne s'arrête pas là. D'autres questions doivent être posées et l'inspecteur Wallander n'est pas homme à se dérober.

Dinah Brand