OLEN STEINHAUER - 36 boulevard Yalta


Sous la forme d’un journal de bord rédigé par un narrateur anonyme - mais qui aurait les yeux de Brano Sev - le texte dévide les jours un par un, avec par endroits des sortes de fossés franchissant plusieurs journées d’un même bond. La monotonie des gestes sans cesse répétés pour donner le change, la minutie de chaque acte soigneusement pensé : les fondements de la vie d’un espion en mission. Mais Brano Sev est-il en fuite ou bien en service commandé ? Doit-il seulement surveiller un couple de candidats à l’exil ou bien démanteler un complot ? Est-il ou non victime d’une machination ?
Comme les autres romans de la série, celui-ci laisse une large part à l’introspection et se caractérise par une sobriété d’écriture remarquable de densité signifiante. Beaucoup de demi-mots et de suggestion, un climat oppressant merveilleusement restitué et, surtout, un art admirable pour mêler vraies fausses pistes et vérités faussement erronées, revirements intempestifs aussitôt remis en cause pour mieux maintenir jusqu’aux dernières pages l’incertitude.
Nouvel opus, nouveau coup de maître...

Isabelle Roche.