JAVIER GARCIA SANCHEZ - les disparus
Roman
policier ? Oui peut-être, après tout, le livre est entièrement
bâti autour d'un interrogatoire. Mais c'est un policier qu'on interroge
et deux journalistes qui posent les questions.
R V, ancien policier, croupit dans un asile après un coup de folie au
cours duquel il a tenté de tuer sa femme et son fils. Au moment des faits,
il enquêtait sur le problème des personnes disparues et semblait
curieusement obsédé par le sujet. Mais surtout il menait ses recherches
d'une manière peu orthodoxe en accumulant une documentation scientifique
très pointue sur les questions d'optique. Dix ans plus tard, les deux
journalistes essaient de le faire parler pour comprendre son geste. Tandis que
les trois hommes se font face, au parloir de l'asile, une vieille religieuse
qui s'était prise d'amitié pour ce patient étrange muré
dans son silence est en train de mourir dans la pièce d'à côté.
Et le son lancinant des prières aux agonisants se mêle aux souvenirs
hallucinés qui défilent dans le cerveau malade du vieux policier
incapable de s'expliquer ou même de proférer un son. Cette lente
descente aux enfers est d'autant plus frappante qu'elle s'effectue selon les
lois rigoureuses d'une véritable " géométrie spatiale
de l'invisible " et distille peu à peu cette peur qui déforme
le temps et lui donne des apparences monstrueuses comme du plastique jeté
au feu.
Aux marges du fantastique, ce roman d'un auteur espagnol né à
Barcelone en 1955, évoque L'Autre côté d'Alfred Kubin, par
sa noirceur, son aspect inclassable et extrêmement dérangeant.